jeudi 21 mars 2013

Et glou, et glou et glou…

par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets

Et STOP !

Ou enfin, c’est ce que souhaitent bien des universités canadiennes à l’heure actuelle. L’automne dernier, la revue affaires Universitaires (AU) nous communiquait les résultats d’une étude démontrant que 90% des étudiant(e)s universitaires consomment de l’alcool. Oh mais personne ne l’avait vu venir, celle-là, hein ?

Mais là n’est pas le problème : c’est plutôt le fait que 32% de ces derniers admettent «virer une bonne brosse» au moins une fois par mois. Un sommet de 51% était atteint en Nouvelle-Écosse. Question d’être clair; l’étude définit une «brosse» comme 5 consommations ou plus lors d’une même occasion. Suite à la mort d’un étudiant de l’université Acadia pendant la semaine d’initiation, en 2011, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a commandé le rapport en question (lien).

Le rapport établit aussi que les hommes consomment en général plus d’alcool que les femmes, notamment. Remarquez que l’âge où les femmes démontrent la plus forte tendance à «brosser» est à 18-19 ans, justement l’âge où beaucoup d’entre elles sont initiées à la vie universitaire.

L’étude propose l’adoption de mesures pour limiter la consommation d’alcool en milieu universitaire. Dans ce milieu, ce sont les résidences qui apparaissent comme le premier objectif à viser. De plus en plus d’universités, dont Acadia, interdisent désormais la consommation d’alcool dans les résidences universitaires pendant la semaine d’orientation. Certaines vont plus loin, comme à Queen’s où on a également réduit la quantité d’alcool permise en résidence, ainsi que banni la consommation d’alcool dans les aires communes. Le seul endroit où il y est encore permis de consommer de l’alcool à l’intérieur des résidences est dans les chambres, portes closes. Queen’s révise aussi ses politiques relatives à l’alcool partout sur son campus, afin de prévoir les sanctions applicables en cas d’infraction.

L’Université d’Alberta donne dans le même genre, en interdisant depuis septembre 2012 l’alcool dans les aires communes des résidences aux étudiants du premier cycle.

L’Université Carleton va encore plus loin, en contrôlant les admissions au bar du campus des étudiants du premier cycle, et ce qui peut y être servi.  Il faut dire que le jeudi y était devenu «fight night» et qu’en 2006 un étudiant y a même été poignardé… Ainsi maintenant au bar de l’Université Carleton, il faut que les étudiants signent pour laisser entrer leurs invités non-étudiants (et un seul à la fois y est permis), les «shots» sont interdits, une limite d’un pichet de bière par personne est en vigueur, et les ventes de pichets cessent à minuit.

Vous devinez qu’au départ les étudiants se sont farouchement dressés contre ces initiatives de l’Université Carleton. Mais l’administration soutient que les mesures sévères qu’elle a imposées ont grandement contribué à améliorer la situation. Maintenant, Carleton souhaite se tourner vers l’élaboration d’une stratégie globale en matière de consommation d’alcool partout sur le campus, afin d’encourager les comportements responsables.

Le rapport du gouvernement de la Nouvelle-Écosse reconnaît (et déplore) l’existence d’une culture de la consommation d’alcool en milieu universitaire, qui revêt plus ou moins les allures d’un rite de passage, et pire que tout, d’un comportement normal pour des jeunes d’âge universitaire. Des pressions commerciales et sociales sont citées comme éléments d’explication. Mais, quand on voit arriver le point où l’ivrognerie devient la norme – leurs mots – il faut savoir reconnaître le problème et chercher à intervenir.

Plusieurs universités cherchent à développer des partenariats communautaires pour s’adresser collectivement au problème, et plus que tout en reconnaissant qu’il ne se limite certainement pas au campus universitaires. On peut toujours aller boire ailleurs, en principe ! Mais la culture d’alcoolisation qui fait désormais partie de l’expérience universitaire typique, pour sa part, relève d’abord de l’intervention des universités dans le but de l’enrayer.

Rien de tel à l’UdeM jusqu’ici. Attendons et nous verrons.

Aucun commentaire: